Simon Sebag Montefiore : "Plus que tout, c’est Jérusalem qui a ruiné les processus de paix" (2024)

Le dossier de L'Express. Pour l’historien britannique, auteur du best-seller "Jérusalem, une biographie", la ville trois fois sainte demeure "le centre névralgique" du Moyen-Orient. Plus que jamais, elle est la clé de la paix

Propos recueillis par Thomas Mahler

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Simon Sebag Montefiore : "Plus que tout, c’est Jérusalem qui a ruiné les processus de paix" (1)

De nombreux historiens ont écrit sur Jérusalem, mais lui est son seul biographe. Dans l’ébouriffant best-seller Jérusalem, une biographie (publié en français par Calmann-Lévy en 2011, puis au Livre de Poche), Simon Sebag Montefiore a raconté trois millénaires d’une ville qui est à la fois "la maison d’un seul Dieu, la capitale de deux peuples et le temple de trois religions". Il faut dire que Jérusalem est une obsession familiale pour l’écrivain et historien britannique. Son ancêtre Sir Moses Montefiore, riche financier anobli par la reine Victoria, a lancé en 1860 la construction du premier quartier en dehors de la vieille ville, après avoir érigé le fameux moulin de Montefiore qui fait face au mont Sion.

Alors que Simon Sebag Montefiore prépare une mise à jour de sa saga, il revient pour L’Express sur l’histoire, complexe, et l’actualité, tragique, d’une ville surchargée en mythes. Et explique pourquoi, plus que jamais, Jérusalem est la clé pour une paix durable dans la région.

L’attaque du 7 octobre menée par le Hamas a été baptisée "déluge d’Al-Aqsa", du nom de la mosquée sur le mont du Temple. Est-ce la preuve que Jérusalem et ses lieux saints sont au centre des conflits dans la région ?

Simon Sebag Montefiore : L’opération "déluge d’Al-Aqsa" a prouvé que Jérusalem reste au centre du Moyen-Orient. Aujourd’hui, l’idée que Jérusalem serait en péril, et plus particulièrement que les juifs menacent le sanctuaire de l’esplanade des mosquées, trouve un écho particulier chez les Palestiniens, mais aussi chez les musulmans hors de Palestine. Jérusalem est le centre névralgique de la région. La ville est au cœur de la vision nationale et religieuse palestinienne, comme de la vision israélienne et juive.

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C’est pourquoi j’ai écrit une histoire du Moyen-Orient à travers le prisme de Jérusalem. J’ai voulu raconter les histoires des Israéliens comme des Palestiniens, des juifs, des chrétiens et des musulmans, afin que tous puissent apprécier ces récits et la légitimité de deux causes justes, de deux peuples qui ont parfaitement le droit de vivre sur cette terre étroite.

La tragédie, c’est que le raid meurtrier du Hamas a été si brutal et barbare qu’il a provoqué une tragédie supplémentaire à travers le droit d’Israël à se défendre, ce qui a brisé Gaza et provoqué la mort de nombreux civils, que le Hamas a, impitoyablement et négligemment, utilisés comme des boucliers humains. Je suis triste pour les citoyens israéliens et palestiniens. Ces dernières semaines ont été un supplice pour ceux qui aiment ces peuples, cette région et la ville sainte. Le Hamas est une abomination qui dépasse les limites de la civilisation. Le gouvernement de Benyamin Netanyahou est le pire, le plus incompétent et le plus honteux de l’histoire d’Israël. Et, entre les deux, il y a des otages israéliens innocents, et il y a la population de Gaza. Pourtant, il arrive que les moments les plus sombres débouchent sur quelque chose de positif. Ce choc a été tel qu’il incitera peut-être les deux camps à discuter. Lorsque les blessures seront un peu cicatrisées. Peut-être…

La ville sainte est elle aussi une malédiction ?

Jérusalem est un délice, mais aussi un cauchemar. Plus que tout, c’est la question qui a ruiné les processus de paix. Dans le plan des Nations unies de 1947, la ville devait être placée sous la tutelle spéciale de l'ONU, mais les deux parties ont cherché à s’en emparer. La Jordanie a conquis la ville sainte, Israël a gardé la nouvelle Jérusalem-Ouest. On oublie souvent aujourd’hui que cette même Jordanie, comme les autres puissances et milices arabes, a procédé en 1948 à un nettoyage ethnique de la vieille ville, la vidant de tous ses habitants juifs. En 1967, la ville a été réunie sous l’autorité d’Israël, ce qui a créé une nouvelle mobilisation côté arabe : sauver le "Haram al-Sharif", ou esplanade des Mosquées. En 1993, celle-ci a été exclue des discussions et devait être négociée ultérieurement, une erreur fatale. Puis, en 2000, dans les propositions d’Ehud Barak à Camp David et dans les paramètres Clinton, la vieille ville a été divisée avec Yasser Arafat, et les Palestiniens ont reçu des zones conséquentes. Mais le mont du Temple est resté un sujet incroyable compliqué : les Palestiniens devaient obtenir une "souveraineté symbolique" sur l’esplanade sacrée, mais le mur des Lamentations restait bien sûr israélien.

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Arafat a alors affirmé que toute autre mesure que la souveraineté totale sur l’esplanade des Mosquées conduirait à son assassinat. Faire la paix demande beaucoup de courage, de réalisme et de vision. Anouar el-Sadate et Yitzhak Rabin l’ont appris à leurs dépens. Mais ce type d’accord est le seul possible. L’offre d’Ehud Olmert en 2008 a été la plus réaliste de toutes, et bien qu’elle n’ait jamais été concrétisée, en partie parce que le chef de l’OLP, Mahmoud Abbas, et Olmert étaient très faibles politiquement, je soupçonne que quelque chose de similaire est en cours de négociation. A l’époque, Olmert a proposé que le centre sacré soit administré par cinq nations, les Saoudiens, les Jordaniens, les Israéliens, les Palestiniens et les Américains. J’imagine que quelque chose de semblable est aujourd’hui en discussion.

Vous écrivez que, dans cette ville, "la vérité est souvent bien moins importante que le mythe". Que savons-nous réellement du Jérusalem des rois David et Salomon, ainsi que du Premier Temple ?

Il existe peu de preuves de l’étendue du royaume unifié de David et de Salomon ; il était probablement beaucoup plus petit que ce qu’affirme la Bible. Mais la stèle de Tel Dan montre que le royaume de Juda était connu sous le nom de Maison de David vers 850 avant J. C., ce qui prouve qu’il existait un tel royaume et qu’il était dirigé par une dynastie descendant du roi David. Sans doute un peu plus ancienne, la stèle de Mesha montre qu’au nord, le royaume d’Israël (NDLR : ou royaume de Samarie] était dirigé par la dynastie d’Omri. Nous savons donc que ces royaumes ont existé.

Les destructions de Jérusalem en 586 avant J. C. et en 70 après J. C. n’ont fait que renforcer sa sainteté

En ce qui concerne le Temple, il est probable que le dôme du Rocher soit construit sur la pierre de fondation de l’ancien temple juif. Il n’y a pas de preuves archéologiques incontestables du Premier Temple. Il est probable que le pharaon égyptien ait effectué un raid sur ce temple vers 950, mais ce n’est pas prouvé. L’ostracon 18 d’Arad, qui mentionne "la maison de Yhwh", pourrait y faire référence. Puisque le temple a été détruit par Nabuchodonosor – la plupart des historiens s’accordent sur ce point –, c’est donc qu’il a été construit entre la période de David et Salomon et celle de sa destruction en 586 avant J. C. Il est possible qu’il ait été beaucoup plus petit que ne le prétend la Bible. Et il est très probable qu’un premier temple ait été construit bien après Salomon, peut-être même des centaines d’années plus tard.

Après sa destruction en 586, des petit* groupes de Judéens sont revenus sous l’égide des grands rois perses Cyrus et surtout Darius. Un petit temple, pour lequel il existe beaucoup plus de preuves, a été construit après 516. Nous savons qu’il s’agissait d’un lieu saint réputé parce que des rois hellénistiques, tels qu’Antiochos le Grand et les Ptolémées, se sont battus pour le posséder, et qu’Antiochos IV a déclenché la révolte des Maccabées en construisant sur ce lieu. Lorsque la dynastie judéenne des Maccabées a gagné son indépendance, elle a agrandi le temple, comme en témoignent les énormes pierres de taille qu’elle a utilisées et la construction d’une partie des murs. Ces travaux se sont déroulés entre -167 et -50. Le roi Hérode le Grand, un personnage extraordinaire, a ensuite démoli le temple et l’a reconstruit de manière splendide, comme en témoignent le Kotel (Mur occidental), les tunnels et l’esplanade elle-même. Hérode a vraiment créé ce que nous connaissons comme la vieille ville de Jérusalem.

En quoi la destruction du Temple par les Romains en 70 après J.C. a-t-elle changé le judaïsme ? Vous expliquez que Jérusalem est devenue encore plus sainte qu’avant…

La chute du Temple a entraîné la chute de la nation et de la religion judéennes, telles qu’elles existaient à l’époque. Jérusalem était une célèbre cité du Temple, la plus grande ville de l’Orient. Hérode l’avait agrandie de façon colossale. Le judaïsme était alors une religion du Temple : toutes ses grandes fêtes étaient centrées autour de lui. La cérémonie clé de ce judaïsme du Temple était le sacrifice à l’extérieur du Saint des saints. Rappelez-vous que Jésus a été circoncis au Temple et y a célébré la Pâque. Tous les juifs se déplaçaient pour être dans cette ville au moment de la Pâque, la plus grande fête.

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Mais après la mort d’Hérode le Grand, les juifs n’ont plus gouverné directement Jérusalem ou la Judée. Les fils d’Hérode dirigeaient la Galilée et d’autres parties de la Terre sainte. Jérusalem, elle, était administrée par un préfet qui résidait à Césarée. Le petit-fils d’Hérode, l’étonnant Hérode Agrippa Ier, réunit l’ensemble du royaume de Judée, mais il mourut jeune et le royaume fut à nouveau morcelé. Les Romains eurent du mal à contrôler les juifs fanatiques. En 66 après J. C., ceux-ci se rebellèrent et détruisirent plusieurs légions dans les dernières années du règne de Néron. La dynastie des Flaviens a alors bâti son prestige sur l’assaut et la destruction du Temple en 70. Cette destruction marque la création d’un nouveau judaïsme qui n’est plus fondé sur le Temple, mais sur l’attente du Retour, sur la Torah et sur les concepts de l’amour et de la bénédiction. Pour les chrétiens, en revanche, cela signifiait que Dieu avait retiré sa bénédiction aux juifs, et c’est seulement à ce moment-là que le christianisme est devenu une religion à part entière. Plus tard, l’islam a lui aussi fondé son credo sur la conviction qu’il était la troisième et dernière révélation après le judaïsme et le christianisme.

Les destructions de Jérusalem en 586 avant J. C. et en 70 après J. C. n’ont fait que renforcer sa sainteté. Les catastrophes favorisent l’intensité des émotions, des croyances et de la sainteté. Et nous voyons aujourd’hui comment la compétition des religions à Jérusalem, la rivalité pour mourir pour Jérusalem, ne fait que renforcer son prestige sacré.

Oui, le Hamas ressemble aux Croisés. N’est-ce pas ironique ?

Jérusalem n’est jamais explicitement mentionnée dans le Coran. Comment la ville est-elle devenue, en quelques siècles, "Al-Quds" ("la Sainte") pour les musulmans ? Comme souvent dans l’histoire de cette ville, les motivations politiques ne semblent jamais très loin de la ferveur religieuse…

La tradition musulmane a fait de Jérusalem "l’oratoire le plus éloigné" (le plus proche étant la Mecque) dans le voyage nocturne et l’ascension de Mahomet, l’Isra et le Miraj. Cette histoire est développée dans les hadiths [NDLR : recueil des dires de Mahomet]. On dit qu’il a parlé à des prophètes antérieurs tels que Jésus (Isa), Abraham (Ibrahim) et Moïse (Moussa). Mais il est probable que Mahomet connaissait très bien la Terre sainte, qu’il avait fait des voyages commerciaux et qu’il connaissait les Ecritures juives et chrétiennes. A l’origine, la direction de la prière était d’ailleurs Jérusalem et non la Mecque.

Les premiers musulmans croyaient que des événements apocalyptiques - la fin des temps - étaient proches et que ces moments cosmiques extraordinaires ne pouvaient se produire que sur le mont du Temple à Jérusalem, comme cela avait été prophétisé. La conquête de Jérusalem en 638 était donc essentielle et importante : les musulmans ont construit une mosquée sur le mont du Temple parce qu’il s’agissait déjà d’un lieu sacré. Il est également probable que les juifs y aient prié avec les premiers musulmans, partageant alors leur monothéisme. C’est le calife omeyyade Abd al-Malik qui a fait ériger le Dôme du Rocher – le plus bel édifice religieux – à l’endroit où se trouvait le Temple juif. C’était extrêmement important pour lui, car il avait temporairement perdu la Mecque. Régnant depuis Damas, sa famille a également construit la mosquée al-Aqsa.

Lorsque les Abbassides déplacèrent la capitale dans leur nouvelle ville de Bagdad, Jérusalem perdit de son importance. A la fin de l’empire arabe, elle a été gouvernée par des seigneurs de guerre turcs et parfois par les Fatimides égyptiens. Les Mongols la traversèrent au galop. Lorsque les Croisés s’en emparèrent en 1099, ils tuèrent tous les musulmans et les juifs de la ville, soit près de 20 000 personnes, un massacre qui, par son caractère festif et par sa sainteté sanguinaire, ressemble beaucoup à celui du 7 octobre. Les tueries et les rapts du Hamas ont été l’un des pires massacres depuis que les Croisés se sont emparés de la ville. Oui, le Hamas ressemble aux Croisés. N’est-ce pas ironique ?

Après les croisades, Jérusalem a fini par connaître un déclin jusqu’au XIXe siècle. Cela semble étrange, mais y a-t-il eu une longue période durant laquelle cette ville n’a pas été convoitée ?

Absolument. Saladin, un chef de guerre kurde qui s’est d’abord emparé de l’Egypte puis de la Syrie, et qui a finalement conquis Jérusalem en 1187, a créé un royaume pour sa dynastie des Ayyoubide, mais celle-ci n’a pas pu le conserver. Ses négociations de paix avec Richard Ier étaient intéressantes : un mariage entre le frère de Saladin, Al-Adel, et la sœur de Richard, Jeanne, fut envisagé. Plus tard, les saladinites ont détruit les murailles de Jérusalem, puis ont conclu un autre traité de paix, remarquable, entre l’empereur Frédéric II et le sultan Al-Kâmil, afin de partager la ville. Là encore, il s’agit d’un précédent utile pour aujourd’hui.

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Plus tard, la ville est tombée aux mains des Mamelouks d’Egypte, puis, en 1517, du padishah (empereur) ottoman Selim Ier. Au début, les Ottomans étaient très fiers d’être les gardiens de Jérusalem comme de La Mecque, et ils ont embelli la ville. Mais au XVIIIe et au début du XIXe siècles, ils l’ont fait péricl*ter ; des pachas corrompus et des seigneurs de la guerre l’ont pillée et négligée, laissant la gestion à une élite de familles arabes palestiniennes telles que les Nusseibeh et les Khalidi – "les Notables" qui géraient les sanctuaires et possédaient d’immenses domaines. Au XVIIIe siècle, Jérusalem était dévastée et à moitié en ruine, un village monumental peuplé d’environ 2000 personnes. La ville a ensuite connu un renouveau, dû en grande partie au dynamisme de l’Empire britannique et à l’évangélisme anglican, mais aussi à l’intérêt des Britanniques pour le maintien de l’Empire ottoman, en l’encourageant à faire des réformes pour rendre cet Etat plus viable.

Simon Sebag Montefiore : "Plus que tout, c’est Jérusalem qui a ruiné les processus de paix" (2)

Votre ancêtre, le philanthrope Moses Montefiore, a lancé la construction de la nouvelle ville dans la deuxième partie du XIXe siècle. Comment Jérusalem a-t-elle changé à cette époque ?

Moses Montefiore était un juif italien né à Livourne, en Toscane, qui est arrivé enfant à Londres et a prospéré dans la City en tant que courtier juif, pour finalement épouser une fille dont la sœur était mariée à un autre nouvel arrivant à Londres, Nathan Mayer Rothschild. Les deux beaux-frères ont vécu ensemble pendant un certain temps. Ils sont devenus très riches en tant que financiers d’un Empire britannique à son apogée. A la fin des années 1820, Montefiore se rendit à Jérusalem, qu’il trouva complètement délabrée, avec quelques musulmans et une petite communauté juive appauvrie. Comme la plupart de ses coreligionnaires, il pensait que les juifs reviendraient un jour à Jérusalem et il décida de promouvoir ce processus. En 1860, il a fondé le premier faubourg juif à l’extérieur des murs de la vieille ville, qui est devenu la base de la nouvelle ville moderne de Jérusalem.

Les colons religieux sont une plus grande menace pour Israël que le Hamas

Comprenez-vous que des personnes laïques et rationalistes en arrivent à détester Jérusalem ? Les sionistes socialistes la percevaient par exemple comme le lieu de superstitions médiévales…

Lorsque j’ai écrit mon livre, j’ai passé beaucoup trop de temps à Jérusalem. C’est une ville magnifique, mais aussi sombre et absolutiste, et ses habitants sont trop dogmatiques et religieux – je parle des juifs comme des musulmans. J’y ai passé cinq ans, j’ai fouillé chaque pierre. Mais aujourd’hui, j’ai juste envie d’être à Tel-Aviv et de manger dans les meilleurs restaurants (rires).

En 1967, la guerre des Six Jours a permis à Israël de reprendre l’intégralité de Jérusalem, dont la vieille ville. Pour vous, cela a profondément changé cet Etat…

1967 a été une victoire si étonnante pour Israël qu’elle a déclenché un excès de confiance hubristique et une ferveur messianique pour restaurer une version largement mythique d’Israël. Le fondateur d’Israël, David Ben Gourion, et le Premier ministre de l’époque, Levi Eshkol, ont envisagé d’échanger la Cisjordanie contre la paix : ils avaient raison, mais Eshkol et ses successeurs n’ont pas pu s’empêcher de la conserver et d’autoriser les extrémistes religieux à construire des colonies qui semblaient donner raison à leurs propres prophéties. Aujourd’hui, ces 400 000 colons religieux menacent de détruire l’Etat d’Israël lui-même : le catastrophique Netanayou a en effet remis l’Etat à ces maximalistes messianiques qui sont aussi toxiques qu’ineptes. A mes yeux, ils représentent une plus grande menace que le Hamas. Cela prouve également qu’une victoire militaire peut être une chose très dangereuse.

Que faudrait-il faire pour parvenir à la paix autour de Jérusalem ? Cette paix est-elle d’ailleurs seulement encore possible après l’horrible attaque menée par le Hamas et les représailles sanglantes de Tsahal à Gaza ?

Tout ce qui compte aujourd’hui, c’est de vivre dans la paix, le bonheur et la prospérité. Mais cette paix n’est possible que si les deux camps respectent l’histoire, les récits, les revendications, la légitimité de l’autre.

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Hélas, de nombreux livres sont aujourd’hui marqués par l’idéologie décoloniale qui fait passer tous les Israéliens pour des "colons" dont la nation se serait construite sur le nettoyage ethnique et la colonisation occidentale. Or cette idéologie ne nous dit rien ni sur la création d’Israël ni sur la tragédie des Palestiniens – elle est absurde, anhistorique, mais aussi toxique parce qu’elle suggère que les civils israéliens sont mûrs pour être massacrés afin de pouvoir créer un Etat arabe pur. Cela exclut les négociations.

Il n’y a qu’une seule voie vers la paix : deux Etats. Ce sera difficile. C’est presque impossible, mais c’est toujours faisable. Les grandes lignes sont connues depuis Bill Clinton, Ehud Barak et Ehud Olmert. Aujourd’hui, de nombreux Etats arabes – Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Egypte – souhaitent que cela se produise. Le Hamas doit d’abord être dispersé, puis Benyamin Netanyahou, un désastre, doit être écarté du pouvoir. Poussé fermement par les Etats-Unis, aidé et assisté par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, Israël doit négocier un chemin vers deux Etats. Pour y parvenir, nous aurons besoin des dirigeants israéliens et palestiniens les plus courageux, les plus modérés et les plus héroïques…

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